Évolution de la téléconduite de 1949 à 2000

Dans les années qui suivent la nationalisation d’EDF, la plupart des postes du Transport d’Electricité sont gardés par du personnel et les plus importants disposent même d’un service de quart permanent. Le téléphone est pratiquement le seul outil à la disposition du Service des Mouvements d’Énergie en charge des Dispatchings et du Service du Transport pour exploiter le système électrique. Le réseau téléphonique, et en particulier le Réseau Téléphonique de Sécurité, a une importance primordiale.

Au fil des années des systèmes de téléinformations seront mis en place mais avec des moyens spécifiques à chacun des deux services jusqu’aux années 1970. Pour le Service des Mouvements d’Energie en particulier, les téléinformations nécessaires sont acheminées par des liaisons directes entre postes électriques et Dispatchings régionaux ; les téléinformations intéressant le Dispatching national sont retransmises depuis les Dispatchings régionaux.

Service du Transport

Service des Mouvements d’Énergie

1949 Au fil des années quelques initiatives sont prises pour supprimer le personnel de gardiennage dans les petits postes et exécuter les manœuvres à distance à l’aide de télécommandes. Un premier essai a lieu en 1949 à Vendin le Vieil. Jusqu’au début des années 1950 chaque Dispatching régional dispose de quelques dizaines de télémesures analogiques affichées sur des enregistreurs
1954 une doctrine d’utilisation des télécommandes1 est établie en vue de la suppression du personnel de gardiennage dans les postes de faible et moyenne importance.Les grands principes fonctionnels attachés à cette mise en œuvre sont posés et perdureront : jusqu’à la génération SDART (années 1970) et au-delà :– contrôle en retour dans la séquence de télécommande,– fonctionnement à schéma éteint,– concept de contrôle général,– télésignalisation transmise sur changement d’état 1954 Un important programme décidé en 1947 se traduit par la mise à disposition de 600 télémesures nouvelles..
1961 La notion de groupement de postes apparaît2.

« Pour la conduite des installations, nous avons infléchi nos formules. Au lieu de placer un chef et un sous-chef dans chaque poste, nous tendons à constituer de petits groupements centrés sur un poste principal où les tâches de surveillance et d’entretien courant sont assurées par une double équipe de deux agents astreints. La permanence est ainsi renforcée. Certains très grands postes reçoivent pour eux-mêmes cette organisation. Par contre, dans les petits postes, le personnel est entièrement supprimé et ces postes sont seulement munis d’une téléalarme ou d’une télécommande».

Dans cette même année 1961 des dispositifs de téléalarmes font l’objet de spécifications par le Transport de façon concertée avec la Distribution, puis de marchés. Dès lors, des téléalarmes et des télécommandes centrées sur des groupements de postes sont déployées. Sur environ 450 postes exploités par le Transport :

  • 15% sont télécommandés et 27% sont téléalarmés en 1963,
  • 52% sont télécommandés et 10% sont téléalarmés en 1973.

Le matériel de télécommandes utilisé est le plus souvent le «Système IV de CGCT » (Compagnie générale de constructions téléphoniques).

Ces matériels sont adaptés aux capacités limitées des systèmes de transmission et à leur qualité souvent déficiente.

1960 Plus de 2000 télémesures alimentent les Dispatchings. Il s’agit pour l’essentiel de télémesures analogiques monovoies telles les EFV/RFV 71 de la CDC (Compagnie Des Compteurs). Des équipements de télémesures cycliques multivoies apparaissent.
1961 Une étude est lancée pour faire évoluer la conduite du système électrique en incluant l’informatisation des Dispatchings. Le projet implique une augmentation très sensible des téléinformations nécessaires aux Dispatchings avec une cible nationale de 2500 télémesures et 5000 télésignalisations. Ce projet prend nom de ″Informations codées″ (infco) . C’est un système de transmission numérique cyclique de télémesures et télésignalisations suivant un cycle de renouvellement de l’information de 10 secondes mis en place entre les postes et les Dispatchings régionaux. De 1967 à 1970 le déploiement du programme “infco” est assuré et la cible initiale du nombre de téléinformations est largement dépassée en 1970.Suivant les régions des systèmes CGCT, système IV et système V, viennent compléter les « infco » pour les télésignalisations.

A partir de 1973 le SDART (Schéma Directeur de l’Automatisation du Réseau de Transport) se met en place. Il généralise la notion de Groupement de postes équipé d’un Pupitre de Commande Groupée (PCG). Il définit une chaîne continue de circulation des téléinformations depuis les postes HT jusqu’aux Dispatchings en passant par les PCG. Entre postes HT et PCG des liaisons de téléconduite (équipement ETC 50 de CETT, ou TLC 11 de Jeumont Schneider) acheminent télécommandes, télésignalisations, télémesures….

Ce schéma est une révolution par rapport aux dispositions précédentes en faisant du site du groupement de postes, où apparait l’EDT (Ensemble de Traitement) un point de concentration des informations acquises au niveau des postes, avec retransmission vers le dispatching régional, lui-même point de passage vers le dispatching national.

Cette évolution est rendue possible par le renforcement et la sécurisation des liens télécoms entre PA et PCG, mais avec cependant une recherche d’optimisation de ces liens couteux (liaisons spécialisées fournies par France Télécom … ). La technologie associée fait largement appel aux techniques informatiques (microprocesseurs pour les téléconduites, mini-ordinateurs pour les EDT de PCG), avec les problématiques immédiates de la gestion du temps réel, des capacités de secours compte tenu des indisponibilités fortuites comme programmées, et de cohérence des configurations et nommage des chaînes allant du site de base vers des exploitants éloignés.

Le SDART prévoit à terme la reprise de la télécommande depuis les dispatchings. C’est la perspective du Centre Régional de Conduite (CRC). Celle-ci sera mise en place avec le projet EXTEL (fin des années 90) sur les outils de dispatching, sans mettre en cause directement le palier déployé.

L’architecture SDART va perdurer pendant plus de 20 ans avec quelques évolutions de ses composantes (télé conduites ECP 80, télécommandes de petite capacité).

A partir de 1997/1998 des projets sont déployés qui ouvrent le programme «Téléconduite 2000» qui va se substituer à l’architecture SDART : PEXI, Réseau Artère. Ce programme est lancé alors que les équipements du palier SDART entrent dans leur période d’obsolescence, devenant de plus en plus difficiles à maintenir et ne permettant plus les évolutions indispensables.

 

Attachements

  • automatisme et exploitation a distance conférence de R.ANDRE et G.GRAND 1965 à Interkana • 2 MB •
    Ce document de 1965 indique que, à Electricité de France, "l'exploitation des ouvrages est désormais assurée soit par gardiennage, soit par téléalarme, soit par télécommande [...] suivant étude économique". Les auteurs précisent de plus que "la télécommande n'est qu'un moyen particulier dont il est fait un emploi raisonné".
  • CIGRE 32-14 developpement de la conduite automatique du reseau electrique 1974 • 784 kB •
    ce rapport CIGRE de 1974 indique l'organisation générale de la conduite [ en 1973] des installations de l'ensemble Production-Transport et les perspectives d'évolution pour la prochaine décennie". Il met en évidence la multiplicité des actions devant être conduites en matière de voies et réseaux de transmission, d'équipements de téléconduite, de systèmes de dispatchings, de calculateurs de postes.
  • CIGRE 34-01 teleconduite et automatisation des postes au moyen d equipements informatiques standards 1976 • 2 MB •
    ce rapport CIGRE de 1976 présente les réflexions et expérimentations conduites par EDF depuis 1971, en matière de mise en oeuvre de calculateurs et d'informatique industrielle dans les postes eux-mêmes pour des fonctions de téléconduite et d'enregistrement local d'évènements d'abord, puis pour des fonctions d'automatisme.
  • CIGRE 35-07 conduite en temps reel du reseau EDF Structure du reseau de teleinformation et de tel • 339 kB •
    "Ce rapport CIGRE de 1980 décrit l'évolution du système de téléconduite du réseau de transport d'énergie qui doit permettre d'accroître la quantité et qualité des téléinformations transmises aux dispatchings ou échangées entre dispatchings. A terme ce système doit permettre la télécommande centralisée des installations. Ce rapport aborde les problèmes techniques posées par l'interconnexion de systèmes informatiques multiples : normalisation des procédures de transmission, outils pour la création et la modification des données".
  • CIGRE 39-10 le nouveau systeme informatique de conduite en temps reel du dispatching national d'EdF 1984 • 864 kB •
    Ce rapport CIGRE de 1984 présente "le nouveau système informatique du dispatching national, le SYSDIC, qui constitue pour E.D.F. la deuxième génération de moyens informatisés de conduite en temps réel de son réseau".
  • le developpement de la teleconduite du systeme electrique a mi mai 1993 • 2 MB •
    Cette note technique de juin 1993 fait un point sur l'évolution et le développement de la téléconduite du système électrique. Elle positionne les nombreux projets de renouvellement et développement de la décennie en cours : Artère, les PHV ( Poste Hydraulique de Vallées ), CI ( Calculateurs d'Interface pour le nucléaire et le thermique classique ), PEXI ( Pupitre d'Exploitation Informatisé ), Nouveau PA, CRD ( Centre Régional de Conduite ) et SNC ( Système National de Conduite ).
  • les dispatchings en 1985 et plan de developpement du systeme informatique en temps reel 1973 a 1976 • 17 MB •
    ce rapport du Groupe de travail "dispatching 85", édité en janvier 1973 projette la situation des dispatchings en 1985, leur rôle, et l'arrivée de la télécommande centralisée des CRC, articulée avec l'évolution de l'exploitation du réseau par le Service du Transport et dans le cadre du SDART. Il pointe les difficultés à dépasser dans la perspective d'un plan de développement et de mise en oeuvre à échéance plus de 10 ans.

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2 commentaires

  1. Pour la petite histoire
    Lorsque je débutais, il m’a été rapporté que le Chef d’Unité de l’époque, Pierre Revol avait dit quelque chose comme :
    “La conduite du réseau électrique est simple : il faut un dispatcheur intelligent et un téléphone qui fonctionne bien.”

    1. Excellente anecdote, qui montre bien que la complexité de la conduite du réseau électrique a beaucoup augmenté. Aujourd’hui, plus rien n’est possible sans des moyens techniques élaborés, tant en télécommunications qu’en traitements informatiques.

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